Mardi  22 / 03 mauvaise journée

 7h00  frontière Turquo- Syrienne, une queue de camions immobilisés sur près de 3km , les chauffeurs boivent le thé assis en petit groupes à même la chaussée, des voitures passent à coté, je les suis jusqu’au premier poste frontière. Impressionnant,  la frontière est un vrai bunker fermé par plusieurs rangées de hautes grilles, un seul passage possible barré à plusieurs reprises par de gros portails électriques qui se ferment après chaque véhicule. Pour qu’on vous ouvre vous devait présenter vos papiers plus ceux remis à l’entrée en Turquie,… examen détaillé de toute la liasse, contrôle informatique , et c’est oui ….  ou non ... car parfois il vous manque un tampon ....  le fonctionnaire du guichet précédent l’a oublié ( faute d’un bakchich ? ) ...  il faut retourner à la case départ et retrouver le bon guichet pour compléter  et recommencer … c’est ce qui m’est arrivé.

 Vers 8 h30 tout était fini, «Güle Güle » au revoir comme dise les Turcs.

 

Mais je n’avais encore rien vu !!!!

  Arrivé au poste frontière Syrien,  premier guichet  je me fais carrément virer en langue arabe, aux gestes  je comprends qu’il faut aller à un bâtiment voisin  où je ne trouve que des guichets vides pour la plupart, et dans tous les cas sans indications que je puisse comprendre.

 Mais voilà qu’un jeune homme qui observait le manège du banc où il était assis, m’aborde et je comprend ( il ne parle lui aussi que l’arabe ) qu’il veut bien me servir de guide  « bénévolement » …..  mais que, si je lui proposait un petit dédommagement il ne le refuserait  pas, très accommodant il me fait comprendre qu’il accepterait aussi bien les euros, les dollars que les livres  Turques ou Syriennes, on ne fait ni plus aimable ni plus bénévole.

 J’avais juré à mon ami Philippe ( grand voyageur) que je ne donnerai aucun bakchich aux frontières, il s’était contenté de sourire, maintenant je sais pourquoi.  J’ai payé.

 A partir de là, dans ce grand bâtiment crasseux  ( le mot est encore faible ) commence un circuit dans un dédale de couloirs à la recherche de la bonne personne pour chaque opération :

 -          taxes diverses

 -          assurance spécifique Syrie obligatoire car nos assurances européennes ne couvrent pas ce pays ni  la Jordanie

 -          Traduction de ma fiche police en arabe

 -          Tampons divers , police, douane, ….

 -          Validation par un supérieur hiérarchique …. à un autre guichet

 -          Etc ….

 - parfois le fonctionnaire n’est pas là… on attend,

 - parfois il est à son guichet mais  il boit le thé en regardant la télé … on attend

 - parfois même il dort sur un lit installé dans son bureau ( c’est du vécu ) , on tape au carreau et …. on attend.

 A chaque fois quelques euros change de main .

  Finalement l’opération aura durée 2h30, j’ai 105 euros de facture et il m’en est parti 130 ? … Bakchich !!!

 Bien évidemment aucune photo de ces passages de frontière car sortir mon appareil photo dans ces lieux très militarisés m’a semblé source d’ennuis.

  

Je reprends la route en me disant ça y est les emm…….. c’est fini pour cette fois, à moi la Syrie. Eh bien non !!! ça y est l’échappement me lache, je dois réparer très rapidement. Pendant plus de 20 km je cherche quelque chose qui ressemble à un garage, ce que je vois n’est pas très engageant, je finis  par m’arrêter à un sorte de point vidange /nettoyage pour camion afin de profiter des installations pour voir plus sérieusement sous le fourgon si ça peut tenir encore un peu.

 Le patron regarde, en arabe et  par gestes me fait comprendre que c’est trop important et sur un bout de papier  me marque Aleppo >>> Mchka …

  

Je comprend que  je dois chercher Mchaka dans Aleppo ( Alep) une ville de 2 millions d’habitants  … sympa comme rallye surprise, mais au fait, Mchka c’est quoi,  un garage, une rue ???

 Je me dis put… tu t’es foutu dans une belle merde !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  

Mais voilà ô miracle derrière moi une voix me dit en français très approximatif «  je accompagner toi » je viens de tomber sur le seul syrien qui dans ce  bled perdu  doit bredouiller quelques mots de français, je ne sais pas d’où il sort mais il est le bienvenu, c’est OK nous voilà partis  pour Alep avec Mhmad mon sauveur

  

En Europe on ne peut pas imaginer ce qu’est la circulation au Moyen Orient, les Syriens au volant ? ...  jamais vu ça, battus les Italiens, écrasés les Turcs, pulvérisés les Marocains, ce sont les plus forts, de vrais barbares.

Ils roulent à contresens sur des 4 voies >>>

 

Ils passent au feu rouge,  foncent sur les piétons qui n’ont aucun droit, coupent 3 files d’un coup sans prévenir, un grand cou de klaxon et ils passent en force …  les pires sont les petits taxis jaunes cabossés de partout.

 

 

  Sur la route de Damas pendant que je doublais à près de 100 km/h  il m’en ai passé un à gauche et un autre  par l’accotement, nous nous sommes retrouvés à 4 de front sur une route à 2 voies.

Je comprend pourquoi aucune assurance ne veut couvrir Syrie et Jordanie, il faut prendre une assurance spécifique à la frontière.

Malgré tout ça grâce à Mhamad nous finissons par trouver Mchka le quartier des mécanos ( les métiers sont souvent regroupés  par quartier) ,

plus nous rentrons dans le quartier plus j’ai un haut le cœur ,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

le sommet est atteint à la vue de l’atelier de celui qui va être mon réparateur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 l'entrée de "l'atelier" avec Mhmad en médaillon

 

 

 

  Que faire ?

 -          je n’ai rien vu qui ressemble à un garage digne de ce nom depuis la frontière

 -          Orange refuse de me donner les communications pour la France ( merci Orange )

 -          Je n’ai pas encore le moindre argent Syrien et le change ne peux se faire que dans la banque d’état  située en centre ville  

 -          Comment et où chercher  un vrai garage ( si ça existe ) dans cette circulation anarchique sans parler un mot d’Arabe

 

Inch Allah , je me dis que si les Syriens font avec je dois pouvoir faire aussi . Tope là c’est d’accord pour réparer..

 

Au démontage ça se révèle plus grave que prévu, plusieurs boulons de fixation bouffés par la rouille cassent  dont un dans la culasse, il faut déculasser sortir le morceau de boulon, tarauder si besoin, ... je suis assez inquiet pour la suite.

  <<< le fourgon sur cales

Mhmad est toujours là  et tant bien que mal me sert d’interprète, en attendant d’en savoir plus sur la réparation il me conduit faire le change, fait l’avance du taxi, et me fait visiter Alep

 

 

 

Esplanade de la Grande Mosquée

Façade typique de la vieille ville

Entrée de la cathédrale Arménienne des 40 martyrs,

 

 

 

  Rue du vieil Alep                                                                           Les souks d'Alep

 

 

 

 

 

 

ils sont parmi les derniers souks "authentiques du monde arabe, un des rares ou le "made in china" n'a pas complétement remplacé les produits locaux. On peut y déambuler en paix sans être importuné car les marchands Syriens  n'ont pas ce côté désagréablement accrocheur des pays du Magrheb.

17 h 00 coup de téléphone, Mhmad m’annonce que le fourgon est prêt, retour au garage, ça a l’air de marcher, 240€ de réparations et je raccompagne Mhmad à son domicile avec le fourgon. Je lui propose de le dédommager, il refuse, ne veut même pas que je lui rembourse le taxi,, m’offre le pain qu’il avait acheté pour lui et s’en va après que j’ai pu noter ses coordonnées.

Je ne remercierai jamais assez cet homme sympathique et généreux  qui a passé sa journée pour m’aider à me sortir de la m…. Je sais qu’il cherche des cours Arabe / français , sitôt rentré j’essaierai d’en trouver en Cdrom  pour lui envoyer.

   Je plonge de nouveau au milieu des barbares en voiture  pour retrouver un parking aperçu dans la vieille ville près de la citadelle.

 C’est fait je me pose pour la nuit, rude journée on verra demain.

 

Bivouac au pied de la citadelle >>>

  Averses

Km jour :134 cumul 4355

Bivouac parking au pied de la citadelle dAlep